Franz Hessel, le flâneur de Berlin 3/3.

Franz Hessel, le flâneur de Berlin – 3/3

L’année 1926 fut marquée par la collaboration de Hessel et de Benjamin à la traduction de Proust (47). Ils décident d’y travailler à Paris, où Hessel se rend en avril. La correspondance de Benjamin permet d’imaginer un peu leur vie… Refusant l’offre d’hébergement des Hessel (48), il préfère « une minuscule chambre, coquette bien que froide, et bien aménagée pour enfin savourer le plaisir d’habiter dans un hôtel (49) ». Ils retrouvent à Paris Münchhausen et Ernst Bloch. En dépit des accès de dépression de Benjamin, A l’ombre des jeunes filles en fleurs  paraît à la fin de l’année 1927.

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Marcel Proust

Les réactions de la critique furent très positives. La traduction allemande restituait admirablement la beauté et la complexité des phrases proustiennes. Il est difficile de savoir qui a réellement traduit le livre. Helen Hessel parle de la tristesse de Hessel de se voir cité après Benjamin comme traducteur alors qu’il avait effectué l’essentiel du travail. La correspondance de Benjamin montre que cette traduction était pour lui assez secondaire, qu’il redoutait l’influence de Proust dont il se sentait trop proche. Si l’on tient compte de ses voyages et de ses états dépressifs, il est vraisemblable que Hessel, lui, s’y consacra avec infiniment plus d’ardeur (50). Il continue à traduire Le Côté de Guermantes et cherche à renouer les liens avec ses anciens amis parisiens, non sans ressentir une certaine déception (51). En 1927, il rencontre, avec Benjamin, Gershom Scholem, qui éprouve pour lui une sympathie immédiate :

 » Une soirée que je passai, après le départ de ma femme, au café du
Dôme en compagnie de Benjamin et de Franz Hessel allait rester
inoubliable pour moi. Les deux hommes s’entendaient manifeste-
ment très bien. Hessel se distinguait par une certaine sérénité
d’homme du monde. Le contraste entre leurs physionomies respecti-
ves était très marqué, et était encore souligné du fait que Benjamin
était doté d’une chevelure épaisse alors que Hessel était entièrement
chauve. Ce fut en constatant que Hessel, tout comme Benjamin,
manifestait le plus vif intérêt lorsque j’évoquai deux figures de la litté-
rature juive, Cardoso et Berditchevski, que je compris que lui aussi
était juif, ce qui ne m’était absolument pas venu à l’esprit (52). »

Ceux qu’il a connus jadis ont changé. Il ne put retrouver le Paris d’avant 1914, mais il aime toujours autant la ville. Elevant l’errance au rang d’un art, il rédige son roman autobiographique Heimlisches Berlin, qui parait chez Rowohlt en 1927. La capitale française occupe d’ailleurs une place importante dans de nombreux textes qu’il rédige pour la presse allemande.

En 1928, Hessel revint en Allemagne et reprit son travail de lecteur chez Rowohlt. Sa femme demeura à Paris avec leurs enfants, renouant avec H.- P. Roché (53). Leur relation se soldera plus tard par un nouvel échec. Franz accepte la situation, comme Roché respecte son affection pour Helen. Il exige que leurs enfants ne s’aperçoivent de rien. Roché restera « l’ami de la famille ». Aimant être aimée, Helen nouera d’autres relations. Jim n’était pas Jules et Roché supporta très mal de ne pas être l’unique être dans sa vie. Les disputes se multiplièrent. Déjà, à Berlin, Roché n’hésitait pas à jeter par la fenêtre, en pleine nuit, un bouquet de fleurs offert par un autre (54).

Aussi difficile à comprendre qu’elle soit, la relation de Franz et de Helen résistera à ces ouragans. Pourtant, elle affirmera plus tard :

« Quand je repense aujourd’hui à mon mariage avec cet homme étrange,
j’ai l’impression – malgré les certificats d’état-civil – de
ne jamais avoir été mariée avec lui. Nos liens étaient d’une autre
nature : librement consentis et pourtant contraignants (55). »

Jusqu’en 1938, Hessel vécut à Berlin, ne pouvant croire à une victoire durable du national-socialisme. Il continue ses traductions, en particulier celle des Hommes de bonne volonté de Jules Romains. Sa situation, après 1933, ne cessera de s’aggraver, les nazis interdisant aux éditeurs d’employer des collaborateurs juifs (56). Après 1935, il fut frappé par l’interdiction d’écrire et c’est secrètement que Rowohlt lui confiait des traductions.
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Dans son autobiographie, Le Questionnaire, Ernst von Salomon, écrivain d’extrême-droite qui participa à l’assassinat du ministre Walter Rathenau, a décrit cet épisode particulièrement dramatique de la vie de Hessel, les ruses déployées par Rowohlt pour garder ses lecteurs juifs, Paul Mayer émigra lorsque la situation devint intenable, en juillet 1935, Hessel ne pouvait s’y résoudre. Comme l’écrit Ernst von Salomon :

 » Il vivait de Paris et de Berlin comme on vit des deux poumons, c’est
là qu’il se sentait chez lui. Cet homme déjà âgé restait, avec une iné-
branlable modestie, fidèle à son monde, qui était celui de la brume
soyeuse sur la Seine et celui des feuilles mortes des marronniers sur le
Landwehrkanal. Une violente nostalgie lui faisait quitter Berlin pour
Paris et une non moins violente nostalgie lui faisait regagner
Berlin (57). »

Par ailleurs, avec la traduction des vingt-huit volumes des Hommes de bonne volonté , Rowohlt espérait pouvoir employer Hessel pendant au moins vingt ans. Il avait réussit à convaincre Jules Romains que lui seul pourrait traduire son oeuvre, supposant que la Reichschritumskammer n’oserait pas s’en prendre à un traducteur recommandé par le ministère des Affaires étrangères. En dépit de sa situation dramatique, Hessel continue à vivre à Berlin., vendant les objets qui décorent son appartement, afin de survivre. C’est en vain que ses amis et sa famille l’exhortent à partir. Il demeure caché  » comme une souris dans un grenier », selon le mot de Benjamin, alors que l’antisémitisme fait rage.

Lorsqu’il décide de se rendre en France (58), les conditions d’obtention du visa sont devenues très difficiles. A la suite des démarches entreprises par sa femme, il gagne Paris in extremis – entre les accords de Munich et l’assassinat de vom Rath – grâce à l’intervention de Jean Giraudoux. La baronne Alix de Rotschild lui obtient un poste de bibliothécaire à la bibliothèque Rotschild (59). Il se remet au travail, commence un roman, longtemps considéré comme perdu, Der Alte, (Le Vieux) (60). La famille Hessel passe l’été 1939 à proximité de Paris, dans la maison de campagne du traducteur de Rilke, Maurice Betz. Un cercle d’amis se reconstitue autour d’eux, avec Wilelhm Uhde, Walter Benjamin, Alfred Polgar, Wilhelm Speyer, Marcel Duchamp, Gabrielle Buffet-Picabia, et aussi Lou Albert-Lasard (61). Max Krell qui le rencontre pour la dernière fois lors d’une visite à Paris l’évoque ainsi :  » Un homme légèrement voûté, vêtu d’un petit manteau gris flottant au vent, le chapeau rabattu sur la nuque, les mains croisées dans le dos, tout à fait ce bon vieux Hessel, tel qu’il déambulait jadis, rue de Postdam (62). » Même l’exil n’a pu altérer sa sérénité et le rendre amer. Il ne rejoindra pas non plus le cercle des émigrés (63).

 A l’automne 1939, le gouvernement français décide d’interner tous les allemands dans des camps, comme « citoyens ennemis ». Hessel se rend au centre de rassemblement, le stade de Colombes, avec les autres exilés. Ils doivent dormir sur de la paille, affronter les intempéries. Agé de 59 ans, ayant un fils cadet naturalisé français, élève-officier à l’école St-Maixent, il put rentrer rapidement chez lui, ainsi que Walter Benjamin. Plusieurs amis de Hessel – Alfred Polgar et Wilhelm Speyer – réfugiés aux Etats-Unis tentent de lui obtenir un visa. Au printemps 1940, la famille se rend à Sanary, occuper la villa d’Aldous Huxley qui, parti à Hollywood, craignait qu’elle ne fut réquisitionnée par les Allemands. Sanary – sur – Mer était alors un agréable petit port de pêche qui allait devenir la capitale de la littérature allemande en exil (64). Hessel continue à travailler à son roman. Lorsque la guerre éclate, il fut interné avec son fils aîné, Ulrich, dans un camp, bien que Stéphane combattît sur le front comme aspirant-officier. Lion Feuchtwanger dans son récit Le Diable en France (65) a décrit les péripéties tragiques de cet internement au camp des Milles, non loin d’Aix en Provence, dans une tuilerie (66), le désespoir ressenti par ceux qui avaient trouvé dans la France une nouvelle patrie et souhaitaient combattre à ses côtés contre Hitler. Hessel se retrouve derrière les barbelés avec trois mille autres prisonniers dont le dramaturge expressionniste Walter Hasenclever. Feuchtwanger évoque avec un étonnement mêlé d’agressivité « ce petit homme doux et aimable » qui « vivait aux Milles comme s’il se fût agi du Berlin cosmopolite » (67), capable de sourire encore et de se réjouir du simple fait que le pain était meilleur qu’hier.
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La Tuilerie – Camp des Milles

Après plusieurs mois d’internement, Hessel put quitter le camp avec son fils aîné le 27 juillet 1940 et regagner Sanary… le jour de l’anniversaire d’Ulrich (68). Il continue à écrire, dans une maison au-dessus du port (69). Usé par les épreuves de son internement, il s’éteignit le 6 janvier 1941. Helen Hessel écrit :  » Il mourut comme il avait vécu, sans rien posséder, doucement, sans se plaindre et sans lutter (70). »

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Il repose dans le petit cimetière de Sanary. A son enterrement assistèrent non seulement des émigrés allemands, mais des gens du village, pêcheurs et artisans, dont il était devenu l’ami. L’éloge funèbre fut prononcé par Hans Siemsen.

Personnage poétique s’il en fut, Hessel a goûté la vie en flâneur et on ne peut s’empêcher de songer à lui avec émotion, en découvrant les images qu’il a glanées au cours de ses promenades, perdu dans son enfance et se rêves. C’est à lui, assurément, que pourrait s’appliquer la belle maxime de Sens Unique.

 » Car qui peut dire de son existence davantage que ceci : il a traversé
la vie de deux ou trois êtres aussi doucement et aussi intimement que
la couleur du ciel. »

Jean-Michel PALMIER.

47 …Hessel et Benjamin reçurent la proposition de traduire A la recherche du temps perdu  pour les éditions Die Schmiede. Le Piper Verlag racheta les droits et voulut poursuivre
la publication. Mais dégoûté par la légèreté de ceux qui s’étaient attachés à l’entreprise, trop consciencieux dans leur traduction, Hessel et Benjamin allaient renoncer à poursuivre l’entreprise que l’éditeur allemand devait de toute façon abandonner par suite de difficultés financières. 

48 Helen se rendit à Paris en 1925 pour y retrouver H.-P. Roché. Hessel, ses deux fils et leur gouvernante Emmy Tœpffer, les rejoignirent en  juillet 1925. Quand Benjamin arriva à Paris,
la famille Hessel habitait alors Fontenay aux roses depuis l’été 1925. (Communication d’Ulrich Hessel). 
49 Lettre à Jula Radt, 22 mars 1926. Correspondance, vol. I, p. 379, Aubier, 1979 
50. Cf. Karin Grund, pp. 74-75 qui expose le point de vue d’Helen Hessel. 
51. H.-P. Roché fait désormais commerce de tableaux. 
52. Gershom Scholem, Walter Benjamin. Histoire d’une amitié, p.159, Calmann-Lévy, 1981. 
53. Les deux fils de Franz Hessel apprirent immédiatement le français, avec succès puisqu’ils furent rapidement les meilleurs élèves de leur classe. Stéphane passera  le concours de l’Ecole normale supérieure et fut reçut deux fois comme étranger et comme français. Il entretiendra avec son père un rapport moins étroit qu’Ulrich qui revint vivre avec lui à Berlin. Stéphane demeura avec Helen à Paris : « Il restera pour moi un homme merveilleusement bon, un sage, un érudit. Mais j’eu moins de relations avec lui que mon frère. Ma mère nous emmena, mon frère et moi dans un internat près du lac de Constance. Ulrich était tenté par des études en Allemagne, je choisis de demeurer en France. Je ne suis revenu à Berlin que pour de brèves vacances et j’ai décidé, après mes études, de devenir français, en 1937. A partir de 1930, j’ai donc très peu vu mon père, alors que mon frère demeura avec lui à partir de 1931. » (Communication de Stéphane Hessel). Helen publiera ses impressions de Paris dans le Tagebuch de Stefan Grossmann et travaillera comme correspondante de mode pour le Frankfurter Zeitung . Joseph Roth, qui admirait son sens littéraire, lui avait fait obtenir ce poste. 
54. Communication d’Ulrich Hessel. 
55. Cité par Karin Grund, ibid., p. 81 et Ulrich Hessel qui commente ainsi ces paroles : «  Au lieu de concentrer son amour sur une seule personne, il avait l’art de donner à chaque femme qu’il rencontrait ce qu’elle attendait. A Berlin, il vivait entouré de belles femmes dont il était le confident. Il semblait heureux. » « Mon père était un être extrêmement peu possessif. Toute son oeuvre est fondée sur la non-possessivité. Il ne faisait ombrage à personne, ni aux amants de sa femme, ni aux rivaux littéraires. Personne ne se méfiait de lui car il était foncièrement bon, peut-être par une certaine faiblesse. Il avait renoncé à un pan de l’existence qui était l’ambition, la réussite. C’était un sage à l’écart de tous combats. » (Communication de Stéphane Hessel). 
56. Jules Romains, partisan de la réconciliation franco-allemande, était estimé par les autorités du Reich et le ministère des Affaires étrangères encouragea
la traduction. Ernst Rowohlt suggéra à Romains de choisir Hessel comme traducteur. Il put ainsi éviter les mesures d’éviction de la Chambre de culture du Reich. 
57. Op. Cit. pp. 276-286. Franz Blei a inventé une belle anecdote pour symboliser la nostalgie permanente que Hessel nourrissait à Berlin pour Paris. Le rencontrant avec un large parapluie sur l’avenue Unter den Linden par un beau jour d’été sans nuage, Hessel lui dit seulement : «  J’ai lu aujourd’hui dans le journal qu’il pleut à Paris. » 

58. Ernst von Salomon affirme que Hessel se rendit en France et ne put rentrer en Allemagne par suite de la guerre. Cette thèse est peu probable. Ce fut sur les instances d’Helen qu’il consentit à s’y rendre car jusqu’au dernier moment il refusait de quitter l’Allemagne, par amour pour Berlin, ayant la certitude que le régime nazi s’effondrerait vite ou par refus de se soustraire au destin collectif des juifs comme on l’a aussi affirmé. Franz et Helen étaient officiellement divorcés depuis 1936 car elle n’aurait pu écrire dans la presse allemande, mariée à un juif, même issu d’une famille convertie au protestantisme. 
59. Hessel obtint ce poste grâce à Wilhelm Speyer. Hessel était par ailleurs lointainement parent avec la baronne Alix de Rothschild. 
60. Der Alte, roman inachevé, fut publié plus tard sous le titre Alter Mann. 
61. Peintre expressionniste, ancienne amie de Rainer-Maria Rilke, elle était fixée à Paris depuis 1928. Il semble qu’elle ait fréquenté assez tôt Helen Hessel. (Communication orale de sa fille, peintre également, Ingo de Croux.) 
62. Cité par Karin Grund, ibid., p.87. 
63. En dehors de Benjamin, Hessel était lié avec le journaliste communiste Alfred Kantorowicz, Alfred Döblin, Siegfried Kracauer, Alfred Polgar, Wilhelm Speyer. A Sanary et au Lavandou, il fréquenta Kurt Wolff, Hans Siemsen, H.A.Joachim, E.A. Reinhardt. Ulrich Hessel estime que ses rapports avec les émigrés du Sud de la France ne dépassaient pas en intensité ses rapports avec les autres habitants de Sanary. 
64. Sur cet épisode, nous renvoyons à notre propre travail Weimar en exil. Essai sur le destin de l’émigration intellectuelle allemande antinazie, Payot, 2 vol., 1988. Rappelons que Lion Feuchtwanger, Heinrich et Thomas Mann, Ernst Bloch, Alfred Kantorowicz, Bertolt Brecht, René Schickele, Franz Werfel et Arthur Koestler séjournèrent à Sanary. 
65. traduction française,  édition Jean-Cyrille Godefroy, 1985. 

66. La tuilerie existe toujours et on peut encore y voir les fresques peintes par des artistes allemands internés, dans la salle du réfectoire. 
67. Feuchtwanger, op.cit., pp ; 51-52. 
68. Helen parvint à se soustraire à l’internement en prouvant que son fils était officier français et avec l’aide d’un médecin qui déclara son internement impossible. Elle vécut dans la misère, aidée par des amis français dont le père de Pierre Klossowski. 
69. Ils habitaient une maison sur les hauteurs du port, avec Mme Ebstein et H.A. Joachim. Hessel vivait dans une espèce de tour. (Communication orale d’Ulrich Hessel). 
70. Cité par Karin Grund, op. Cit. p. 96. Un certain nombre d’émigrés penseront à tort qu’il s’était suicidé. Hessel, physiquement amoindri par sa détention et les souffrances de l’exil, mourut en l’espace d’une demi-heure d’une attaque d’apoplexie. Le texte d’Helen Hessel a été repris dans le volume de Manfred Flügge. Elle eut un destin assez exceptionnel. Après sa rupture avec Roché, elle vécut handicapée par un accident de cheval qui entraîna un déhanchement. Stéphane Hessel fut fait prisonnier par les Allemands ; s’évada et gagna l’Angleterre, rejoignit le général de Gaulle. Il fut ensuite haut-fonctionnaire aux Nations Unies (1946-1950). Helen séjourna quelque temps chez Stéphane, gagna la Californie et s’engagera comme dame de compagnie (elle parlait admirablement bien l’anglais) , à l’âge de 62 ans, et travailla comme chauffeur. Sa voiture percuta un train et elle eut le col du fémur endommagé. Sa vie sembla s’apaiser mais à l’âge de 75 ans, elle traduisit Lolita de W. Nabokov pour les éditions Rowohlt. 

 

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