Parménide
de Clémence Ramnoux
Ed. du Rocher – 180 p.
Article paru dans Les Nouvelles Littéraires N° 2679 du 22 au 29 mars 1979.
Clémence Ramnoux qualifie ce livre sur Parménide de « dernier témoin de ses travaux universitaires « . Pour tous ceux qui ont eu la chance – et ils sont nombreux -d’avoir été initiés par elle à la philosophie grecque, cet essai rappellera tout ce qu’ils lui doivent. Cette helléniste et philosophe nous a donné, avec sa thèse sur Héraclite, son étude sur La nuit et les Enfants de la nuit, quelques-uns des plus beaux travaux consacrés en France à la philosophie grecque. Unissant une rigueur et une érudition extrêmes à une profonde sensibilité, Clémence Ramnoux qui inaugura avec son étude sur Héraclite une méthode d’analyse qui n’est pas sans annoncer celle utilisée par Claude Lévi-Strauss pour les mythes, ne propose pas seulement une nouvelle traduction commentée du poème de Parménide, mais une synthèse de ce que les hellénistes allemands, anglais, français ont produit comme interprétations sur cette aurore de la philosophie.
Deux millénaires et demi nous séparent de ce poème de Parménide, commenté sans cesse depuis. Aussi, le situe-t-elle dans son contexte, analysant les positions adoptées par Platon, Aristote, Zénon à son égard, mais aussi celles de Simplicius. On songe sans cesse aux commentaires des hellénistes allemands – Karl Reinhardt en particulier – mais aussi à Nietzsche et à Heidegger. Pourtant, Clémence Ramnoux ne destine pas seulement son essai aux philosophes et aux hellénistes. Elle le dédie aux poètes, à tous ceux pour qui la philosophie et l’ontologie grecques demeurent au sens le plus profond un acte d’interrogation, d’étonnement et d’émerveillement. Comment ne pas la remercier encore une fois, pour nous l’avoir rappelé de manière si belle et si profonde.
Jean-Michel PALMIER
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