Change N° 37
« Allemagne en esquisse »
Seghers-Laffont – 231 p.,
Jean-Pierre FAYE
Article paru dans Les Nouvelles Littéraires N° 2680 du 29 mars au 5 avril 1979
L’Allemagne comme carrefour d’interrogations : de Hölderlin à Syberberg, du Romantisme au Rationalisme des Lumières, de Bloch à Rudi Dutschke. Sans doute chercherait-on en vain une problématique rigoureuse à travers tous les textes réunis dans ce collectif. Il présente au lecteur une série d’essais, de poèmes, d’esquisses, de questions dont on ne saurait assez souligner l’intérêt.
A côté d’un opéra de Jean-Pierre Faye, Les proscrits, prend place un long essai de H.-J Syberberg sur « L’Art qui sauve de la misère allemande « . Il y affirme le lien étroit entre l’irrationalisme allemand et la créativité. Arno Münster publie un essai sur Ernst Bloch, qui introduit plusieurs textes du philosophe sur le nazisme, précédant des poèmes de Mühsam, d’Ehrenstein et de Carl Einstein, un texte de Rudi Dutschke. Rudolf Bahro est présent de même qu’Else Lasker-Schüler, Lenz, Hölderlin et Heine.
Jean-Pierre Faye les interroge comme autant de témoins de la « cartographie de la langue allemande « , de ses surfaces d’histoire et de rêves, de déraison et de mythe. Sur ce point, l’essai de Syberberg est remarquable. Son intelligence, sa sensibilité, sa générosité en font plus qu’une simple introduction théorique à un film. Il y étudie le rôle du cinéma en Allemagne, l’effondrement d’une certaine conception de la culture et précise le sens de ses films. Le rapprochement avec la sensibilité de Bloch, ses positions sur le fascisme est riche d’enseignements. Entre le Romantisme et la Modernité, un kaléidoscope d’images, d’idées, de mythes aussi déconcertants que fascinants, un remarquable volume.
Jean-Michel PALMIER.
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