L’architecture de la période stalinienne.
d’Anatole Kopp. Presses Universitaires de Grenoble – 414 p.,
Anatole Kopp
Article paru dans Les Nouvelles Littéraires N° 2670 du 18 au 25 janvier 1979.
D’Anatole Kopp, on connaissait déjà l’admirable livre » Ville et Révolution » qui retraçait la richesse des théories architecturales au lendemain de la Révolution d’Octobre. L’architecture devait non seulement incarner les utopies des avant-gardes mais promouvoir les nouvelles formes de vie collective.
Cet ouvrage sur l’architecture stalinienne montre, sur le plan architectural, comment se sont traduites les transformations sociales et politiques survenues à l’époque stalinienne. Après la richesse expérimentale des années 20, vint l’architecture du premier plan quinquennal. L’invention, l’imagination font place au conservatisme, au renoncement, à la répétition monotone des formes anciennes. On abjure le « nihilisme gauchiste » pour revenir vers l’ »héritage » et les « traditions nationales » dans lesquelles on prétend couler un « contenu socialiste « . En même temps que se renforce la famille, s’affirment aussi l’Etat et la « nouvelle architecture » qui semble revenir vers le style de Pierre le Grand, vers le faux luxe des Palais officiels de l’architecture classique avec ses colonnes qui ne supportent rien, le goût pour le « faux ancien « .
Assurément, ce culte de l’architecture monumentale est en rapport direct avec celui de l’Etat. En lisant le livre d’A. Kopp, on songe souvent à celui d’A. Speer « Au coeur du IIIè Reich « , cet autre « constructeur monumental » pour cet autre mégalomane, adepte du « Kolossal » et de l’architecture gréco-romaine, Adolf Hitler. L’étude du réalisme socialiste en architecture invite sans cesse à cette confrontation avec ce que fut le style développé dans le Berlin national-socialiste. Rien d’étonnant à ce que Staline ait tant admiré les sculptures d’Arno Breker et qu’Hitler se soit souvent mis en en colère à l’idée que Staline allait le dépasser dans ses projets de constructions monumentales.
Le volume se termine sur les interviews de plusieurs architectes soviétiques, toutes d’un grand intérêt.
Jean-Michel PALMIER.
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