L’Accident de Maurice Goldring.
Editions sociales. 185 P.,
Maurice Goldring
Article publié dans Les nouvelles Littéraires N° 2663 du 1er au 7 décembre 1978.
L’ accident – c’est une jeune fille renversée par une voiture, c’est aussi la défaite de la gauche aux élections. On connaissait jusqu’alors Maurice Goldring comme un intellectuel communiste, auteur d’ouvrages remarquables sur l’Irlande, les Etats-Unis, la crise du capitalisme. Ce volume s’inscrit dans un tout autre registre. Ni simple analyse théorique, ni bilan politique, c’est une sorte de journal de bord d’un universitaire, militant communiste, qui tente d’exprimer par écrit son rapport à l’engagement politique, à la lutte quotidienne, à son parti, à son travail, à la littérature. On y retrouve, racontés sur un ton ironique, familier, ses haines, ses passions, ses doutes, ses espoirs.
Pour lui, il n’y a pas de séparation radicale entre la littérature et la vie, l’engagement politique et la réalité quotidienne, la sphère privée et la sphère publique. Unissant étroitement ses réflexions sur un accident survenu à quelqu’un qui le touche de près et le climat de la campagne électorale, son issue. Le « malaise » qui, un moment sembla marquer les rapports des intellectuels au parti, ou du moins à ses dirigeants, il parvient à fondre les événements de sa vie la plus personnelle à la situation, au climat politique de la France pendant plusieurs semaines. Le résultat, c’est ce livre étonnant, qu’on lit avec un intérêt constant, car il réalise un remarquable équilibre entre le vécu et la vie politique, la littérature et l’essai théorique.
Ce qui touche le plus dans Goldring, c’est sa sincérité, son hésitation, ses questions. Il n’a rien d’un dissident, même lorsqu’il n’est pas d’accord, rien d’un stalinien, même lorsqu’il se met en colère. Il ne renie rien, ne glorifie rien non plus. Il analyse ses doutes, ses rancunes, ses déceptions, s’efforce de le comprendre et d’ouvrir un dialogue permanent avec son lecteur. En ce sens, ce petit livre est un chef d’oeuvre du genre. Il ne raconte rien d’exceptionnel, mais son ton est exceptionnel. Et surtout, il témoigne d’une qualité souvent rare : une intransigeante honnêteté. Plus qu’une tranche de vie d’un intellectuel communiste, ce sont nos doutes, nos espoirs, nos questions que nous y retrouvons, communistes ou non.
Jean-Michel PALMIER.
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