Dictionnaire de l’extrême-gauche de 1945 à nos jours de Roland Biard
Belfond, 411 p,.
Article paru dans Les Nouvelles Littéraires N° 2647 du 4 au 11 août 1978.
Le » who’s who » des organisations et publications d’extrême-gauche depuis 1945. Entreprise difficile, hasardeuse qui prétend constituer autant une géographie politique qu’un alphabet, un miroir de la contestation. La lecture du volume de la première à la dernière page est sans doute aussi fastidieuse que déprimante. Mais ces impressions ne tiennent pas au livre qui est remarquable. Comment ne pas être perplexe devant cet émiettement de périodiques et de groupuscules, de scissions et de réconciliations, de publications durables ou éphémères et surtout face à cette énergie, ces efforts sans cesse repris et toujours en échec ! Groupes, groupuscules, comités, revues, périodiques, tracts, journaux sont là comme dans un musée de cire, figés ou vivants, étiquetés comme des fossiles.
On songe aussi à la somme d’efforts, de documentation, de renseignements rendus nécessaires par cette entreprise. Roland Biard, auteur du volume, n’a pas ménagé sa peine et, même en quelques lignes, il parvient à définir, situer, expliquer ce qu’est telle ou telle publication, son origine, son histoire, sa signification.
L’étiquette d’ »extrême-gauche » demeure vague. L’auteur souligne lui-même qu’on est toujours le gauchiste de quelqu’un. Chaque parti a ses gauchistes, pas seulement le parti communiste. Il en va de même pour le P.S. ou le P.S.U. et de Gaulle fut, remarque l’auteur, le « gauchiste préféré » de Tixier-Vignancour. Soit ! Mais il est quand même difficile de s’orienter à travers cette poussière de faits, ces noms qui ne laissent guère entrevoir la réalité historique derrière la nomenclature. Il en va de même des trois axes fondamentaux du volume : contre-gauche (P.S.U.), extrême-gauche idéologique qui enveloppe aussi bien les anarchistes que les maoïstes ou les trotskystes et la « nouvelle extrême-gauche » qui, elle, comprend les femmes, les soldats, les prisonniers, les Basques, les Bretons, les Occitans, les fous, les lycéens et même les « historiens et géographes », immigrés, homosexuels et homosexuelles, communautaires, petits paysans, éleveurs de chèvres et bergers bénévoles. On croirait lire un texte de Borghese.
Jean-Michel PALMIER.
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