Préface écrite par Jean-Michel Palmier pour la sortie en France du livre de Klaus Mann » Der Wendepunkt, ein Lebensbericht » (Le Tournant, Histoire d’une vie) qui fut publié en 1982 en collection de poche « Points » .
Klaus et Erika Mann » Le Tournant « paru aux Editions Points
Les années d’exil lui apporteront comme à tous les émigrés leurs poids de souffrances et d’humiliations. Ce seront les plus cruelles de sa vie. L’esthète frivole, l « intellectuel européen », va se transformer en écrivain antifasciste, en militant. Ce seront aussi les années de sa maturation psychologique et littéraire.
Si, avant l’exil l’oeuvre de Klaus Mann peut paraître assez légère, comment ne pas saluer l’écrivain qu’il devient ensuite. Vor dem leben publié en 1925 à Berlin trahissait une inspiration néo-romantique tout comme ses Kaspar-Hauser Legenden. Anja und Esther, sa première pièce de théâtre, s’inspire de données autobiographiques. On y retrouve ce complexe de Kaspar Hauser, enfant sans identité qu’il évoque dans Kind dieser Zeit et le malaise de sa relation au père. Son premier roman, Der fromme Tanz (1926), est aussi en grande partie autobiographique. Andréas Magnus lui ressemble comme un frère et la Kindernovelle est l’évocation de son milieu familial. Conflits qui font songer à l’Eveil du Printemps de Wedekind, mais surtout au Tonio Kröger de Thomas Mann que Klaus Mann semble revivre et réactualiser perpétuellement à une génération de distance. Etrange relation qui les unit : si la figure de ce père pour lequel il éprouve une immense ambivalence se retrouve sous une forme positive dans ses autobiographies, négative derrière tous les pères de ses romans, Klaus Mann lui-même semble un personnage sorti tout droit d’une nouvelle de Thomas Mann. Les conflits de Tonio Kröger, ce sont les siens. Et toute l’aura d’homosexualité qui entoure l’oeuvre de son père – sans qu’on puisse jamais la rapporter directement, de manière précise, à sa vie – Klaus Mann, lui, ne cesse de s’y débattre avec angoisse et culpabilité. Il la suggère en termes voilés, sans jamais s’y appesantir et ce silence respectable semble souvent l’emmurer vivant. Les nouvelles qu’il publiera au début des années trente, après Gegenüber von China (1929) sous le titre d’Abenteuer (Aventures) s’inspirent directement de ses voyages. En 1930, il publie Alexander, la première de ses trois oeuvres de fiction inspirées de personnages historiques. Il ne s’agit aucunement d’un roman sur Alexandre le Grand mais de l’évocation, à travers ce personnage, du poids de rêves, d’utopies, d’espoirs et d’angoisses qu’il porte en lui.
Assurément, l’exil va donner à son oeuvre une force nouvelle. Treffpunkt im Unendlichen (Point de rencontre à l’infini) publié en 1932, forme une transition entre les récits et esquisses psychologiques consacrés à l’adolescence et ses oeuvres d’exil, plus politiques : Flucht in der Norden, Der Vulkan, Mephisto. Les héros de Treffpunkt, Sebastian et sa maîtresse, ressemblent étrangement à Klaus et Erika. . Gregor Gregori, le danseur exhibitionniste et orgueilleux, est sans aucun doute inspiré de Gustav Gründgens. La plupart des autres personnages empruntent des traits à ses amis berlinois. Quant à Richard Darmstädter, personnage torturé, écrasé par son père, qui se suicide à Nice par chagrin d’amour homosexuel, il est décrit en des termes que Klaus Mann utilise pour lui-même dans Kind dieser Zeit. Assez curieusement, le suicide de Darmstädter à Nice ressemble beaucoup à celui de Klaus Mann à Cannes, dix-sept ans plus tard. Le personnage de Sonja s’inspire directement d’Erika et renforce l’étrangeté de ce lien qui existait entre ces jumeaux d’adoption. Peu après leur rencontre et la découverte de leur amour, Sonja et Sebastian s’écrient : « Tu dois être mon frère, tu dois être ma soeur « .
En juillet 1934, Klaus Mann se rendit à Moscou au Congrès des Ecrivains soviétiques. Il y parla en faveur des écrivains emprisonnés en Allemagne. S’il affirme être étranger au communisme, il souligne que ce qui menace à présent l’Europe, ce n’est pas le communisme, mais le fascisme. La même année, il publie Flucht in der Norden, son premier roman d’émigrants. Les thèmes politiques sont étroitement mêlés à des conflits sentimentaux. L’héroïne, Johanna, une « fille qui ressemble à un garçon « , est non seulement l’expression de l’ambiguïté sexuelle de Klaus Mann, mais le reflet de son évolution politique. L’action se déroule en Scandinavie où Klaus séjourna avec Erika en 1931. Les personnages sont déchirés entre leurs inclinations et la lutte politique qu’ils veulent entreprendre. Depuis son départ d’Allemagne, Klaus Mann n’a cessé de combattre le fascisme. Outre ses conférences, ses interventions, sa première grande entreprise d’exilé sera la création d’un périodique littéraire Die Sammlung, publié par le Querido Verlag d’Amsterdam, qui se propose de rassembler tous les écrivains exilés, soucieux de combattre le national-socialisme et de défendre la véritable littérature allemande. Si la revue ne se veut pas politique, elle disait clairement, selon l’expression de Klaus Mann, « où était son amour, où était sa haine « . Des écrivains de renom – Heinrich Mann, Aldous Huxley, André Gide – accepteront de parrainer la revue qui annoncera pour les prochains numéros des articles de Thomas Mann, René Schickelé, Alfred Döblin, Hermann Hesse, Stefan Sweig.
Le 10 octobre 1933, la Reichsstelle zur Förderung des deutschen Schrifttums publia dans Das Börsenblatt für den deutschen Buchhandel un avertissement sévère à ceux qui seraient tentés d’écrire dans les revues d’exilés ou de leur apporter leur caution. Parmi les revues incriminées figurait Die Sammlung. Il était à craindre que les écrivains qui apporteraient leur caution se verraient immédiatement boycottés par les libraires allemands. Aussi, la Börsenblatt publia non moins immédiatement des télégrammes de Thomas Mann, Alfred Döblin, René Schickelé se désolidarisant de la revue, affirmant avoir été trompés sur son caractère prétendu apolitique, purement littéraire. Thomas Mann lui-même affirmait que « le caractère du premier numéro de la revue Die Sammlung ne correspondait pas à son programme « . Les éditeurs de ces auteurs – le Fischer Verlag et l’Insel Verlag – avaient sollicité ce désaveu public de la part de leurs auteurs pour des raisons bien compréhensibles. La plupart de ces écrivains se justifieront par la suite, auprès de Klaus Mann, de leurs attitudes : Stefan Sweig, Hermann Hesse, Thomas Mann ne tenaient pas à être bannis du marché allemand. Hermann Hesse était en Suisse depuis la première guerre mondiale et non un émigré. La position de Thomas Mann à l’égard de l’émigration était encore prudente et réservée. Ses livres paraissaient toujours en Allemagne. René Schickelé vivait en France, mais se gardait de tout engagement politique. Döblin avait agi par solidarité avec son éditeur. Le coup fut dur pour Klaus Mann qui, avec sa soeur, ne cessera d’exhorter son père à prendre une position plus claire. La profession de foi de Thomas Mann en faveur de l’émigration, ce sera la réponse de février 1936 à l’article du critique suisse Eduard Korrodi, paru dans la Neue Zürcher Zeitung, qui refusait de considérer Thomas Mann comme un émigré. Obligé de se prononcer, Thomas Mann le fit, avec un réel courage, en faveur des victimes et contre leurs bourreaux.
Die Sammlung survivra sans ses contributeurs prestigieux et s’effondrera en août 1933, faute de subsides. Tout l’exil est jalonné de cadavres de revues. Klaus Mann avait publié aussi bien Kafka qu’Ernst Toller, Jean Cocteau, E. Hemingway, A. Gide, A. Huxley et Trotsky… Un an après Flucht in den Norden, Klaus Mann écrivit sa Symphonie pathétique (10) hommage à Tchaïkovski. En fait, Klaus Mann projette sur le musicien ses angoisses et ses rêves. Il admire en lui ce sentiment perpétuel d’être déraciné et en exil. L’homosexualité n’est pas non plus absente de l’admiration de Klaus Mann pour Tchaïkovski. Il est d’ailleurs symbolique qu’il fasse se suicider son héros, plutôt qu’il ne meure involontairement du choléra. On notera que dans la plupart de ses oeuvres – jusque dans Le Volcan où elle donne naissance aux évocations les plus émouvantes – l’homosexualité chez Klaus Mann est toujours associée à la mort et au suicide.
Plus remarquable fut son Mephisto, publié en 1936. En dépit de toutes les polémiques suscitées par le livre, il contribua plus qu’aucun autre à assurer la gloire posthume de Klaus Mann – en Allemagne comme en France (11). Avec comme sous-titre « Roman d’une carrière « , Mephisto se veut la description de l’ascension rapide et sans scrupules d’un acteur ambitieux, refusant l’exil et demeurant dans l’Allemagne nazie. Sans commettre de crimes réels, il trahira moralement les siens et les sacrifiera à sa seule gloire. Bien que le roman ne soit pas, comme l’a souligné Klaus Mann, « un roman à clefs « , la plupart des personnages sont inspirés de figures célèbres de la vie artistique et politique allemande. Le héros – Hendrik Höfgen – est peut-être le type de ces acteurs ambitieux et arrivistes qui firent de magnifiques carrières sous le IIIe Reich – que l’on songe à Heinrich George ou Emil Jannings – sans se demander ce qu’étaient devenus leurs collègues juifs ou antinazis. Il n’en demeure pas moins que les rapprochements avec Gustav Gründgens sont aussi évidents qu’innombrables. Le caractère du personnage emprunte beaucoup au célèbre acteur qui, comme Hendrik Höfgen, continua d’interpréter le rôle de Méphisto devant Goering. Il témoigne de la même vanité. L’homosexualité fait place au sado-masochisme et il n’est jusqu’au nom qui n’évoque celui de Gründgens. Klaus Mann avait fait sa connaissance en 1925 lors de la mise en scène de sa pièce Anja und Esther et sembla avoir éprouvé pour lui une très vive antipathie, compliquée par le mariage de Gründgens avec Erika. Aussi est-il difficile de faire la part entre les sentiments personnels de Klaus Mann à l’égard de Gründgens et le jugement politique qu’il porte sur le personnage. Quant à ceux qui l’entourent, ils sont facilement identifiables, qu’il s’agisse de l’acteur communiste Hans Otto, de Max Reinhardt, d’Herbert Jhering ou de Gottfried Benn. Si l’affirmation de la Pariser Tageszeitung selon laquelle il s’agit d’un véritable « roman à clefs » est erronée, la ressemblance entre Höfgen et Gründgens fut jugée assez frappante pour faire interdire pendant très longtemps toute réédition du roman en Allemagne Fédérale, sur plainte du fils adoptif de G. Gründgens, lui, qui continuera une brillante carrière après la seconde guerre mondiale, était devenu une véritable légende (12).
Toutefois, l’oeuvre la plus remarquable que Klaus Mann écrira au cours de son exil demeure incontestablement Der Vulkan (Le Volcan). Le projet était ambitieux : à travers une série de personnages, tous des émigrés antifascistes dont certains font songer à des personnes réelles, restituer ce que fut leur vie, mais aussi leur combat non seulement à Paris mais dans toute l’Europe, de 1933 à 1939, tandis que cette Europe semble menacée par un cataclysme : le national-socialisme.
Klaus Mann, plus que dans aucune autre de ses oeuvres, est parvenu à atteindre une rare intensité dramatique qui fait du Volcan l’un des grands romans de la littérature allemande en exil. Martin Korella, l’écrivain angoissé qui doute de sa vocation et se suicide lentement à la morphine, est sans doute le personnage le plus proche de Klaus Mann (qui prit aussi de la morphine à cette époque). Sa liaison homosexuelle avec Kikjou ne pourra le sauver de sa lente déchéance. Marion von Kammer est un portrait inspiré d’Erika Mann. Sa soeur Tilly n’est pas sans évoquer la Johanna de Flucht in den Norden. Marcel Poiret n’est autre que René Crevel, l’archange à la figure de boxeur que Klaus Mann fait mourir dans les Brigades Internationales.
Sans doute peut-on déplorer que certains personnages manquent un peu de relief, regretter certaines platitudes de style, des inventions arbitraires comme cet Ange de l’émigration qui emporte Kikjou et lui révèle le destin des émigrés. Il n’en demeure pas moins que ce roman, avec sa générosité, sa dramatisation extrême, reflète admirablement la situation des exilés allemands à Paris, leurs espoirs, leurs misères, leurs angoisses et qu’aujourd’hui encore, il ne peut laisser indifférent.
(10) Traduction française, éd. Jean-Cyrille Godefroy. 1984
(11) Si le livre demeura longtemps interdit en Allemagne par suite d’une plainte du fils adoptif de Gustav Gründgens, la traduction française (Denoël 1975) fut préfacée par Michel Tournier et inspira le spectacle Méphisto d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil (ed. Solin 1979), qui fut joué en Allemagne ensuite et souleva de nombreuses discussions. Enfin, un film d’Istvan Szabo, Mephisto, a aussi été tiré du livre.
(12) Une légende et un mythe d’ailleurs ambigus. Il suffit pour s’en rendre compte de lire quelques-uns des nombreux ouvrages consacrés à Gustav Gründgens. Seulement, le portrait qu’en trace Klaus Mann est aussi injuste. Ambitieux, avide de succès, Gründgens le fut assurément. C’est un fait qu’il ne s’exila pas. Il n’avait que très peu de chances d’ailleurs de refaire carrière à l’étranger, comme le montrent les exemples des autres acteurs émigrés ou même de Rudolf Forster, le Macky Messer de l’Opéra de Quat’sous de Pabst qui, après un exil à Hollywood reviendra en Allemagne. Gründgens était de toute façon non pas le personnage assez médiocre que décrit Klaus Mann dans Höfgen, mais un excellent acteur. Et de tous ceux qui restèrent en Allemagne sous Hitler, il fut aussi l’un des plus honnêtes et des plus courageux. C’est la raison pour laquelle Brecht lui gardera son amitié. Gründgens utilisa sa place prépondérante dans le théâtre allemand et l’admiration encombrante de Goering pour venir en aide à d’autres acteurs, en particulier ceux d’origine juive. Rappelons aussi que lorsque l’acteur et chanteur ami de Brecht, Ernst Busch, fut arrêté, ramené en Allemagne et menacé de mort (communiste, il avait combattu dans les Brigades Internationales), c’est à Gründgens qu’il s’adressa pour lui venir en aide.
JEAN -MICHEL PALMIER
Extrait de « Weimar en exil « , ouvrage publié par J-M Palmier en 1988 aux Editions Payot
L’exil comme tragédie quotidienne
« Parmi les grands écrivains que l’exil tua moralement en accentuant le déséquilibre de leur personnalité, il faut aussi nommer Klaus Mann. On ne saurait le limiter au portrait souvent injuste qu’en fait Brecht : un jeune homme doué, un peu fallot, un esthète raffiné et et bourgeois, protégé par l’ombre de son père. En fait cette ombre ne cessa de de le détruire depuis sa jeunesse. Ecrasé par Thomas et Heinrich, il s’efforça désespérément de se faire, en littérature, un prénom. Familier des grandes capitales, à l’aise avec Gottfried Benn à Berlin, Jean Cocteau à Paris, il écrivit dès sa jeunesse deux autobiographies, multipliant les essais littéraires, les pièces, les romans, essuyant, justement à cause de son nom, le feu de la critique. Fils aîné de Thomas Mann, il vécut sans doute une jeunesse dorée qui le sépare des autres écrivains de sa génération. A 18 ans, il avait déjà publié ses Kaspar Hauer Legenden et s’exerçait comme critique au théâtre. Ses premières pièces sont assez mal accueillies et le trio qu’il forme avec sa soeur Erika, la personne qui lui fut le plus proche, Pamela Wedekind, défraye la chronique. En 1926, il séjourna à Paris et fit la connaissance de René Crevel, dont il s’inspire dans ses Kindernovelle. En dépit de toutes ses tentatives pour gagner l’estime des critiques, il ne cessa d’être jugé à l’aune de son père et de son oncle. Or, s’il est vrai que certaines de ses oeuvres semblent un peu pâles, insuffisamment travaillées, il écrivit aussi des romans qui ne sont pas négligeables, notamment ceux de l’émigration – Méphisto, Le Volcan – et une admirable autobiographie, Der Wendepunkt (Le Tournant). Tout au long de l’exil, il lutta contre le fascisme, en éditant sa revue, Die Sammlung, en multipliant les conférences en Europe comme aux Etats-Unis. Les années qu’il y passa furent peu productives. La revue qu’il édita, Décision, ne dura que l’espace de quelques numéros. En 1942, il demanda à servir dans l’armée américaine, fut envoyé en Afrique du Nord et accompagna la Cinquième Armée en Italie comme membre de la Psychological Warfare Branch of Military Intelligence. Le 11 juillet 1948, il tenta une première fois de se suicider. Il mit fin à ses jours, à Cannes, le 21 mai 1949, alors qu’il travaillait à une oeuvre intitulée Le dernier jour, évocation de l’histoire d’un homme qui se suicide au lendemain de la guerre à cause de la situation mondiale.
S’il fut toute sa vie hanté par le suicide, comme en témoignent aussi plusieurs de ses textes (1), il est probable que l’exil, la perte de confiance dans ses capacités d’écrivain au cours de son jour aux Etats-Unis, tout autant que la fragilité de sa personnalité, expliquent le sens de son geste (2). Sa mort est l’un des plus typiques de ces « suicides à retardement » provoqués par l’exil.
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Rappelons que Klaus Mann évoque à plusieurs reprises, dans son autobiographie notamment, le suicide de plusieurs membres de sa famille (deux tantes), celui de la fille d’Arthur Schnitzler, du fils de Hugo von Hofmansthal, de son ami René Crevel. En 1930, il consacra un texte, Selbstmörder à tous ses amis qui se donnèrent la mort.
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Il semble que Klaus Mann ait été curieusement condamné à vivre dans la réalité les conflits que son père avait décrits dans son oeuvre. Les rapports entre les deux furent toujours difficiles. Th. Mann lui-même le reconnaît dans une lettre à Hermann Hesse (6.7.1949). JEAN-MICHEL PALMIER
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